Notre Dame de Paris, le feu de la polémique

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L’incendie de Notre Dame de Paris est parait-il bien éteint, pourtant le feu de la polémique ne semble que commencer. Un débat sur les techniques de reconstruction fait déjà rage confrontant les partisans d’une reconstruction à l’identique avec ceux qui prônent une innovation technologique.

Pour ces derniers, le patrimoine d’aujourd’hui est toujours une superposition d’époques, chaque siècle laissant son empreinte sur les édifices, et la cathédrale n’en est pas exempte.

Les « traditionalistes » eux, ne veulent pas en entendre parler.

Denis Valode et Jean Pistre (article paru dans le JDD) sont catégoriques : « Notre-Dame doit être reconstruite exactement à l’identique ! Nous devons avoir le courage et l’humilité de la refaire comme elle était avant l’incendie. » Ils redoutent l’intervention d’architectes « stars » qui voudraient se mettre en avant avant même de respecter l’architecture passée de la cathédrale.

notre dame, kansei

Certains comme Jean Nouvel distinguent le chantier de la flèche de celui de la toiture. Il voit dans la réfection de la toiture en chêne, l’occasion de valoriser les métiers traditionnels de la charpente bois et d’en faire une occasion didactique sans précédent afin de susciter de nouvelles vocations de jeunes apprentis.
Quand à la flèche, il ne semble pas convaincu du style de Violet Le Duc, qui déjà en son temps avait été très controversé pour avoir apporté une touche  « trop » gothique à l’édifice. Il dit rester ouvert à une proposition novatrice : « Si un architecte trouve une solution géniale et moderne pour cette flèche, pourquoi pas ? On a bien fait cela pour la pyramide du Louvre »

notre dame, kansei

Proposition pour Notre-Dame © Godart + Roussel Architectures

La cathédrale de Chartres, (incendiée en 1836) a été reconstruite en acier, et celle de Reims a été reconstruite en béton armé. Le matériau a été choisi selon la mode en vigueur de l’époque de reconstruction.

D’autres y voient l’occasion de favoriser leur corporation ou leur savoir-faire spécifique :
C’est le cas par exemple de certains compagnons qui estiment que la cathédrale et le compagnonnage sont intimement liés et doivent le rester.
Depuis l’incendie, les différentes associations compagnonniques reconnues en France partagent leur émotion et leur tristesse. Dans l’Hexagone, elles sont trois : la Fédération Compagnonnique (Compagnons du Tour de France), les Compagnons du Devoir, et l’Union Compagnonnique.
Ces associations entendent bien faire valoir leur savoir-faire en faisant savoir leur intention de participer à l’ouvrage :
notre dame, kansei

notre dame, kansei

Benoît Dulion, membre du Groupement des entreprises monuments historiques de la FFB (fédération française du bâtiment) lui annonce que : « Restaurer la charpente de Notre-Dame de Paris est possible en cinq ans à condition que tous les charpentiers possédant la qualification Qualibat monuments historiques y contribuent ».

On le voit bien, chacun a un angle de vue spécifique sur ce qui constitue le patrimoine historique de tous les Français, et sur la façon dont on doit en prendre soin.

L’architecture doit-elle toujours respecter à la lettre la tradition ou peut-elle s’en affranchir pour être en adéquation avec son temps. Est-ce-que le caractère sacré du bâtiment doit influer sur cette question et empêcher toute innovation dans le traitement architectural de l’oeuvre ?

Ce sont ces questions que soulèvent la destruction puis la reconstruction de la cathédrale.
Cela nous promet encore quelques débats enflammés (sans mauvais jeux de mots) entre anciens-modernes qui touchent à l’essence même de l’architecture dans son rapport à l’histoire.

En savoir plus : 
https://www.notredamedeparis.fr

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