Lors du Mipim (Marché international des professionnels de l’immobiler) à Cannes le 14 mars, Michaël Delafosse, maire de Montpellier a révélé le carré d’as des quatre projets lauréats de la première vague des Folies architecturales du XXIe siècle. Les architectes Odile Decq, Manuelle Gautrand, Thomas Coldefy et Isabel van Haute, ainsi que Ellen van Loon ont relevé, parmi les 18 candidatures, le challenge proposé par la préfecture languedocienne de créer une nouvelle forme de densité acceptable par toute la population.
REPONDRE AUX NOUVELLES EXIGENCES ENVIRONEMENTALES, SOLIDAIRES ET ECONOMIQUES
Au XVIIIe siècle, les Folies montpelliéraines exprimaient une création architecturale bourgeoise, situées dans des parcs paysagers en bordure de la cité, rattrapées depuis par la ville. Au XXIe siècle, les nouvelles Folies architecturales doivent répondre aux nouvelles exigences environnementales, solidaires et économiques. Et ce, en respectant les principes suivants : accessibles en tram, excellence et originalité architecturale, programmation en phase avec une société plurielle et inclusive, bâti innovant en matière de résilience urbaine.
Lors de l’énonciation des lauréats, le maire de Montpellier soulignait que «La ville, au tournant des années 80, s’est fortement engagée dans un message : celui d’une forme d’hospitalité à tous les créateurs de l’esprit, que ce soit des scientifiques, des artistes, des architectes ». Un propos rendant un hommage appuyé à l’architecte Ricardo Bofill, concepteur du monumental quartier Antigone voulu par l’ancien maire de la cité Georges Frêche (1977-2004).
HUIT FOLIES ARCHITECTURALES SUPPLEMENTAIRES PROGRAMMEES
Montpellier, qui a souvent collaboré avec des architectes ou designers-stars (Jean Nouvel, Christian Lacroix…) pour ses grands projets urbains, a déjà programmé huit « folies architecturales » supplémentaires, pour lesquelles les lauréats seront connus fin 2023 ou début 2024.
La Sentinelle, projet lauréat de la Folie Vernière
Parmi ces « folies » – ou résidences extravagantes au niveau architectural – Odile Decq a créé un bâtiment aux murs blancs, au toit rouge vif et aux fenêtres globuleuses. Un lieu hôte de bureaux en coworking, près du palais des congrès du Corum.
Odile Decq, architecte et urbaniste française, a connu sa première heure de gloire en 1990 avec la commande de la Banque Populaire de l’Ouest à Rennes. Et depuis, elle perpétue sa posture combative, tout en variant et en radicalisant ses recherches. Son chemin professionnel précoce et original lui a valu, en 1996, l’attribution du Lion d’Or de l’architecture lors de la Biennale de Venise. Les ouvrages d’Odile Decq sont reconnus pour associer l’urbanisme, l’architecture, le design et l’art. Sa démarche pluridisciplinaire a été aussi été récompensé entre autres du Jane Drew Prize en 2016. Mais aussi du Lifetime Achievement Award d’Architizer en 2017 et en 2018 du titre de membre honoraire de l’Institut royal d’architecture du Canada et de l’ECC Architecture Award 2018.
Directrice de l’École Spéciale d’Architecture (ESA) à Paris de 2007 à 2012, après y avoir enseigné pendant 15 ans, Odile Decq a créé en 2014 à Paris sa propre : l‘Institut Confluence pour l’innovation et les stratégies créatives en architecture. Une école accréditée par le Royal Institute of British Architects.
Alma terra, projet lauréat de la Folie Manuguerra
Le projet de Manuelle Gautrand, dans le quartier Port Marianne, réunit un ensemble d’immeubles d’habitation en terre coulée, situé face à une folie déjà construite et conçue par l’architecte Farshid Moussavi.
En tant qu’architecte principal de Manuelle Gautrand Architecture, la Marseillaise de naissance, conçoit et construit un éventail varié de bâtiments. Et notamment des équipements culturels (théâtres, musées, centres culturels), des bureaux, des logements, des équipements commerciaux et de loisirs, etc.
« Réenchanter la ville » est son crédo fort. Avec comme principes fondateurs : amener de l’émotion, réinventer, renouveler, innover et offrir des réponses inattendues en étant audacieux et inattendu. Présidente de l’Académie d’Architecture de 2016 à 2017, Manuelle Gautrand a été faite officier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2017.
Oasis, projet de la Folie Ovalie
Thomas Coldefy et Isabel van Haute a imaginé deux immeubles, un de logements, l’autre de bureaux. Deux bâtiments se faisant face et réunis par une passerelle, dans le nouveau quartier Ovalie, tout près du stade de rugby.
Thomas Coldefy, architecte français, associé fondateur et directeur de Coldefy basé à Lille, gère la gestion générale et la direction artistique de l’agence avec Isabel Van Haute, associée fondateur. Son projet lauréat, pour le Hong Kong Design Institute achevé en 2011, a donné à son agence une visibilité et une renommée internationales. Il a été honoré du prix Asia « 40 under 40 » organisé par Perspective. Ainsi que le prix européen « 40 under 40 » organisé par le European Centre for Architecture Art design and Urban Studies et le Chicago Athenaeum.
Ce duo d’architectes mise sur l’expérience à l’échelle humaine pour chacun de leur projet, avec une grande attention portée aux détails.
Les Galets, projet lauréat de la Folie République
Ellen van Loon a proposé un programme de trois immeubles dont la forme rappelle celle de galets.
En 1998, l’architecte néerlandaise a rallié l’agence d’architecture OMA fondée par Rem Koolhaas (honoré du prix Pritzker en 2000). Elle a mené des projets de construction primés, alliant une conception sophistiquée avec une exécution précise. La preuve avec parmi ses réussites le Brighton College (2020), le BLOX / DAC à Copenhague (2018), la Fondation Galeries Lafayette (2018) à Paris, Rijnstraat 8 à La Haye (2017) et Lab City Centrale-Supélec (2017).