Hérault, « Habiter le littoral, demain ! » : les lauréats d’un concours inédit d’idées

Projet « OYAT », Laura Nave, 1er prix du concours « Habiter le littoral, demain ! » . Le jury du concours a salué une « réponse opérationnelle […] aboutie, complète et sérieuse »(©DR / Laura Nave )

Le département de l’Hérault, soucieux de la manière d’habiter le littoral héraultais à l’horizon 2050 à la lecture des fortes évolutions climatiques, a décidé l’an dernier de lancer un concours d’idées inédit baptisé « Habiter le littoral, demain ! ». Etaient invités à proposer leur projet autant des architectes, des urbanistes, que des paysagistes, des professionnels ou des étudiants.

Mené en partenariat avec la ville de Frontignan et le CAUE 34 (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de l’Hérault), ce concours « Habiter le littoral, demain ! » a rendu en ce trimestre son verdict.

L’ARBITRAGE EN 5 POINTS CLEFS

Les candidats devaient proposer et concevoir des aménagements durables. Mais aussi booster le tourisme écoresponsable tout en comprenant l’évolution du littoral. Sans oublier de sensibiliser les habitants aux enjeux environnementaux et aux risques littoraux. 14 projets ont été retenus et sept équipes lauréates ont été récompensées après les analyses d’un comité technique puis du jury composé d’experts et d’aménageurs. L’arbitrage s’est fait sur 5 points clefs.
1. La pertinence du projet en tenant compte des enjeux, des échelles et des caractéristiques du site et de la temporalité.
2. Le traitement du paysage, le respect du territoire, la qualité des espaces publics et privés et la gestion des sols.
3. Les qualités urbaines et architecturales.
4. La validité économique et technique.
5. La cadre de vie, le social, les mobilités et les usages.

AMENAGER UN QUARTIER RESIDENTIEL OU MIXTE

Il était ainsi demandé aux équipes candidates de travailler sur l’aménagement d’un quartier résidentiel ou mixte. Tout en faisant des propositions environnementales basées sur la nature et les dérèglements climatiques à l’horizon 2050-2100.

 Les projets devaient ainsi comporter des solutions économes de ressources et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et bien sûr la préservation de la biodiversité. Mais aussi des systèmes d’épuration sans rejet dans le milieu naturel, des mobilités douces et de l’économie circulaire.

LAURA NAVE, PREMIER PRIX ET PRIX SPECIAL DU JURY « INNOVATION ET RESILIENCE »

Premier prix (5000€) + prix spécial du jury « innovation et résilience » (1000€) : Projet « Oyat » Laura Nave, de l’agence Archilles, représentant le groupement avec Théo Levy, Chloé Froger, Léa Gauthier, Anaelle Dumonthier, Chloe Stab, Léo Lenoir et Guillaume Gonzalez.

Ce projet « L’homme et les roses eaux » propose une « bio-utopie » concrète, une « nouvelle alliance entre l’homme et la nature, une approche intéressante et globale sur l’eau, le territoire, et les ressources ». Crédit CAUE34.

Deuxième prix (5000€) + prix spécial du jury « environnement » (1000€) : Projet « L’homme et les roses eaux » Benjamin Breton, de l’agence « En plein milieu », représentant le groupement avec Yann Calazel, Karim Lahiani, Thomas Plantier, Manon Peytavin, Pauline Peytavin.

« Site, Cyte, Cité » a été apprécié pour « son important diagnostic territorial et ses propositions à l‘échelle supra-communale très intéressantes, pour son développement de liaisons fluviales et maritimes et la création d’un agriparc « . Crédit CAUE34.

Troisième prix (5000€) + prix spécial du jury « social » (1000€) : Projet « Site, Cyte, Cité » Karine Gilles, de l’agence « Les ateliers Up + SCE, CREOCEAN Montpellier, représentant le groupement avec Claire Benosa, Anaïs Mellet, Mélody Montel, Marion Coquet.

« Le littoral du futur » a été récompensé parce que ce projet présente une bonne approche territoriale par le prisme de l’eau qui monte et qui ruisselle. Crédit CAUE34.

Quatrième prix (5000€) : Projet « Le littoral du futur » Opéhlie Jolys, étudiante, représentant le groupement Visouthivong Anouka et Cherqui Ikhlas.

Cinquième prix (5000€) : Projet « En attendant la mer » Shama Martinie de Maisonneuve, étudiant ENSA Montpellier, représentant le groupement avec Nicolas Elberte.

Prix spécial du jury « adaptation, valeur d’usage, impact énergétique » (1000€) : Projet « Promesses silencieuses » Mathieu Brunel, représentant le groupement avec Jean-Baptiste Dossetto.

Prix spécial du jury « paysage » (1000€) : Projet « Faire place » Sébastien Soulez Larivière, de l’agence Slow Architectures, représentant le groupement avec Olivia Frapolli.

« En attendant la mer » a été salué pour « sa réponse opérationnelle aboutie ».
« Promesses silencieuses » salue « une réponse littéraire, poétique, élégante qui esthétise les risques naturels »
« Faire place » a séduit séduit par « sa belle proposition onirique et graphique »

LE JURY

Claudine VASSAS MEJRI, 1ère Vice-présidente du Conseil départemental, déléguée aux solidarités territoriales, à la transition numérique et l’innovation

Sylvie PRADELLE, Vice-présidente du Conseil départemental, déléguée à l’insertion et à l’économie solidaire

Sylvaine GLAIZOL, Directrice adjointe du CAUE Montpellier

Séverine DURAND, sociologue de l’environnement, CNRS

Loïc LINARES, conseiller municipal, Commune de Frontignan

Daniel ANDERSCH, Directeur des études, ENSAM de Montpellier

Vincent MAYOT, Paysagiste conseil pour la DDTM 34

Concours d’idées « Habiter le littoral, demain ! » – Site du Département de l’Hérault (herault.fr)

Le Prix Pritzker 2023 à David Chipperfield, l’architecte au service de l’écologie et des inégalités

Sir David Chipperfield devant le Palais des Vieilles Procuraties, place Saint-Marc à Venise qu’il a subliment transformé. Credit Lucas Bruno

Le Prix Pritzker 2023, la plus haute distinction du monde, l’équivalent du Nobel de l’Architecture, a été décerné au Britannique Sir David Chipperfield, 69 ans. Un prix prestigieux qui honore et couronne plus de quatre décennies de travail principalement dirigé vers le développement durable et les inégalités sociales.

« L’INTELLIGENCE ET L’ELEGANCE DE SES CONSTRUCTIONS »

Connu et reconnu pour son style minimaliste, l’intelligence et l’élégance de ses constructions, l’architecte britannique David Chipperfield a été salué par ses pairs pour « son intemporalité et son modernisme. Un architecte qui affronte les urgences climatiques, qui transforme les relations sociales et qui dynamise les villes ». Un architecte singulier à la présence physique discrète mais profonde.

Dès la réception du Prix Pritzker 2023, David Chipperfield, qui succède à Diébédo Francis Kéré, le premier africain à remporter ce précieux sésame, déclarait « vouloir continuer à œuvrer pour faire face aux défis existentiels du changement climatique et de l’inégalité sociale ». Engagé et déterminé, il ajoutait « prendre cette récompense comme un encouragement à continuer de diriger mon attention non seulement vers la substance de l’architecture et sa signification, mais aussi vers la contribution que nous pouvons faire en tant qu’architectes. »

Le Figge Art Museum, avec son bâtiment de verre emblématique sur les rives du Mississippi, conçu par David Chipperfield, abrite l’une des plus belles collections d’art du Midwest. Crédit David Chipperfield Architects.

 « POUR UN MONDE PLUS BEAU MAIS AUSSI PLUS JUSTE ET PLUS DURABLE »

Et de poursuivre dans la même veine par « Nous savons qu’en tant qu’architectes, nous pouvons jouer un rôle plus important et plus engagé dans la création d’un monde non seulement plus beau mais aussi plus juste et plus durable ».

Concernant l’œuvre de David Chipperfield, elle est vaste et diverse en termes de typologie et de géographie. On lui doit plus d’une centaine d’ouvrages, en passant par des bâtiments civiques, culturels ou universitaires jusqu’à des résidences et des plans d’urbanisme en Asie, en Europe et en Amérique du Nord.

L’intérieur du Neues Museum de Berlin après la refonte de David Chipperfield. Crédit David Chipperfield Architects.

Parmi ses pépites architecturales les plus connues, on retrouve, entre autres, la rénovation du Neues Museum et de la James-Simon-Galerie à Berlin. Mais aussi la transformation du Palais des Vieilles Procuraties sur la place Saint-Marc à Venise. Ou encore la création du Figge Art Museum à Davenport aux États-Unis. À l’échelle du Royaume-Uni, il est à l’origine du Musée de la Rivière et de l’Aviron, du Turner Contemporary, ou encore du Hepworth Wakefield.

UNE ADMIRATION JEUNE POUR LES GRANGES ET LES FERMES

Grandi dans une ferme du Devon dans le sud-ouest de l’Angleterre, le jeune David Alan Chipperfield est très tôt attiré par l’architecture. Il voue une certaine admiration pour les granges et les bâtiments agricoles. Diplômé en 1976 de la Kingston School of Art puis, en 1980, de l’Architectural Association de Londres, où il aiguise son esprit critique,  il entame son ascension professionnelle en 1983 sur Sloane Street à Londres. Il y conçoit un magasin pour le couturier japonais Issey Miyake.

C’est ensuite aux quatre coins du mode qu’il mène tous ses projets, souvent d’envergure, en se tournant vers des solutions durables. Une philosophie et une éthique qui ne le quitteront jamais. Un parcours, qui avant le Prix Pritzker 2023, le voit récompensé de l’Ordre du mérite de la République fédérale d’Allemagne en 2009. Mais également de la médaille d’or RIBA Royal au Royaume-Unis en 2011 ou encore du Praemium Imperiale for Architecture de la Japan Art Association en 2013. Nommé Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 2004, il fait chevalier en 2010 et nommé à l’Ordre des compagnons d’honneur en 2021.

Le musée de la Rivière et de l’Aviron, River & Rowing Museum, à Hanley près de la Tamise, centre pédagogique sur l’histoire de l’aviron au design évoquant à la fois une grange et un hangar à bateaux, est une ode à l’écologie. Bien dans la veine de David Chipperfield. Crédit Rowland Shaw.

BIENTOT LA RENOVATION DE LA NOUVELLE AILE DU MOMA DE NEW YORK

David Chipperfield Architects, son agence fondée en 1985 aux bureaux dans le monde entier, n’en a pas fini de faire la une de l’univers architectural. En effet, il ne devrait pas tarder à commencer la rénovation de la nouvelle aile dédiée à l’art contemporain du Metropolitan Museum of Art à New York, projet remporté en 2015 à la suite d’une compétition.

David Chipperfield Architects travaille également sur une extension du musée archéologique national d’Athènes, sur un nouveau stade pour les Jeux olympiques d’hiver de 2026 à Milan. Mais aussi sur plusieurs projets résidentiels en Belgique, en Allemagne ou encore en Australie.

La 45e cérémonie de remise du Prix Pritzker 2023, en l’honneur de David Chipperfield, se tiendra à Athènes en mai.

Réalisé par : La Collab