Le carré d’as des Folies architecturales du XXIe siècle de Montpellier

Lors du Mipim (Marché international des professionnels de l’immobiler) à Cannes le 14 mars, Michaël Delafosse, maire de Montpellier a révélé le carré d’as des quatre projets lauréats de la première vague des Folies architecturales du XXIe siècle. Les architectes Odile Decq, Manuelle Gautrand, Thomas Coldefy et Isabel van Haute, ainsi que Ellen van Loon ont relevé, parmi les 18 candidatures, le challenge proposé par la préfecture languedocienne de créer une nouvelle forme de densité acceptable par toute la population.

REPONDRE AUX NOUVELLES EXIGENCES ENVIRONEMENTALES, SOLIDAIRES ET ECONOMIQUES

Au XVIIIe siècle, les Folies montpelliéraines exprimaient une création architecturale bourgeoise, situées dans des parcs paysagers en bordure de la cité, rattrapées depuis par la ville. Au XXIe siècle, les nouvelles Folies architecturales doivent répondre aux nouvelles exigences environnementales, solidaires et économiques. Et ce, en respectant les principes suivants : accessibles en tram, excellence et originalité architecturale, programmation en phase avec une société plurielle et inclusive, bâti innovant en matière de résilience urbaine.

Lors de l’énonciation des lauréats, le maire de Montpellier soulignait que «La ville, au tournant des années 80, s’est fortement engagée dans un message : celui d’une forme d’hospitalité à tous les créateurs de l’esprit, que ce soit des scientifiques, des artistes, des architectes ». Un propos rendant un hommage appuyé à l’architecte Ricardo Bofill, concepteur du monumental quartier Antigone voulu par l’ancien maire de la cité Georges Frêche (1977-2004).

HUIT FOLIES ARCHITECTURALES SUPPLEMENTAIRES PROGRAMMEES

Montpellier, qui a souvent collaboré avec des architectes ou designers-stars (Jean Nouvel, Christian Lacroix…) pour ses grands projets urbains, a déjà programmé huit « folies architecturales » supplémentaires, pour lesquelles les lauréats seront connus fin 2023 ou début 2024.

La Sentinelle, projet lauréat de la Folie Vernière

La Sentinelle, projet de « folie » architectuale d’Odile Decq retenu par la Ville de Montpellier (© Odile Decq / Ville de Montpellier)

Parmi ces « folies » – ou résidences extravagantes au niveau architectural – Odile Decq a créé un bâtiment aux murs blancs, au toit rouge vif et aux fenêtres globuleuses. Un lieu hôte de bureaux en coworking, près du palais des congrès du Corum.

Odile Decq, architecte et urbaniste française, a connu sa première heure de gloire en 1990 avec la commande de la Banque Populaire de l’Ouest à Rennes. Et depuis, elle perpétue sa posture combative, tout en variant et en radicalisant ses recherches. Son chemin professionnel précoce et original lui a valu, en 1996, l’attribution du Lion d’Or de l’architecture lors de la Biennale de Venise. Les ouvrages d’Odile Decq sont reconnus pour associer l’urbanisme, l’architecture, le design et l’art. Sa démarche pluridisciplinaire a été aussi été récompensé entre autres du Jane Drew Prize en 2016. Mais aussi du Lifetime Achievement Award d’Architizer en 2017 et en 2018 du titre de membre honoraire de l’Institut royal d’architecture du Canada et de l’ECC Architecture Award 2018.

Directrice de l’École Spéciale d’Architecture (ESA) à Paris de 2007 à 2012, après y avoir enseigné pendant 15 ans, Odile Decq a créé en 2014 à Paris sa propre : l‘Institut Confluence pour l’innovation et les stratégies créatives en architecture. Une école accréditée par le Royal Institute of British Architects.

Alma terra, projet lauréat de la Folie Manuguerra

Alma Terra, projet de « folie » architecturale de Manuelle Gautrand retenu par la ville de Montpellier (© Manuelle Gautrand / Ville de Montpellier)

Le projet de Manuelle Gautrand, dans le quartier Port Marianne, réunit un ensemble d’immeubles d’habitation en terre coulée, situé face à une folie déjà construite et conçue par l’architecte Farshid Moussavi.

En tant qu’architecte principal de Manuelle Gautrand Architecture, la Marseillaise de naissance, conçoit et construit un éventail varié de bâtiments. Et notamment des équipements culturels (théâtres, musées, centres culturels), des bureaux, des logements, des équipements commerciaux et de loisirs, etc.

« Réenchanter la ville » est son crédo fort. Avec comme principes fondateurs : amener de l’émotion, réinventer, renouveler, innover et offrir des réponses inattendues en étant audacieux et inattendu. Présidente de l’Académie d’Architecture de 2016 à 2017, Manuelle Gautrand a été faite officier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2017.

Oasis, projet de la Folie Ovalie

Oasis, projet de « folie » architecturale de Thomas Coldefy et Isabel van Haute retenu par la ville de Montpellier (© Thomas Coldefy / Isabel van Haute / Ville de Montpellier)

Thomas Coldefy et Isabel van Haute a imaginé deux immeubles, un de logements, l’autre de bureaux. Deux bâtiments se faisant face et réunis par une passerelle, dans le nouveau quartier Ovalie, tout près du stade de rugby.

Thomas Coldefy, architecte français, associé fondateur et directeur de Coldefy basé à Lille, gère la gestion générale et la direction artistique de l’agence avec Isabel Van Haute, associée fondateur. Son projet lauréat, pour le Hong Kong Design Institute achevé en 2011, a donné à son agence une visibilité et une renommée internationales. Il a été honoré du prix Asia « 40 under 40 » organisé par Perspective. Ainsi que le prix européen « 40 under 40 » organisé par le European Centre for Architecture Art design and Urban Studies et le Chicago Athenaeum.

Ce duo d’architectes mise sur l’expérience à l’échelle humaine pour chacun de leur projet, avec une grande attention portée aux détails.

Les Galets, projet lauréat de la Folie République

Les Galets, projet de « folie » architecturale par la Néerlandaise Ellen van Loon (Agence OMA) (© Ellen van Loon / Ville de Montpellier)

Ellen van Loon a proposé un programme de trois immeubles dont la forme rappelle celle de galets.

En 1998, l’architecte néerlandaise a rallié l’agence d’architecture OMA fondée par Rem Koolhaas (honoré du prix Pritzker en 2000). Elle a mené des projets de construction primés, alliant une conception sophistiquée avec une exécution précise. La preuve avec parmi ses réussites le Brighton College (2020), le BLOX / DAC à Copenhague (2018), la Fondation Galeries Lafayette (2018) à Paris, Rijnstraat 8 à La Haye (2017) et Lab City Centrale-Supélec (2017).

Le Prix Pritzker 2023 à David Chipperfield, l’architecte au service de l’écologie et des inégalités

Sir David Chipperfield devant le Palais des Vieilles Procuraties, place Saint-Marc à Venise qu’il a subliment transformé. Credit Lucas Bruno

Le Prix Pritzker 2023, la plus haute distinction du monde, l’équivalent du Nobel de l’Architecture, a été décerné au Britannique Sir David Chipperfield, 69 ans. Un prix prestigieux qui honore et couronne plus de quatre décennies de travail principalement dirigé vers le développement durable et les inégalités sociales.

« L’INTELLIGENCE ET L’ELEGANCE DE SES CONSTRUCTIONS »

Connu et reconnu pour son style minimaliste, l’intelligence et l’élégance de ses constructions, l’architecte britannique David Chipperfield a été salué par ses pairs pour « son intemporalité et son modernisme. Un architecte qui affronte les urgences climatiques, qui transforme les relations sociales et qui dynamise les villes ». Un architecte singulier à la présence physique discrète mais profonde.

Dès la réception du Prix Pritzker 2023, David Chipperfield, qui succède à Diébédo Francis Kéré, le premier africain à remporter ce précieux sésame, déclarait « vouloir continuer à œuvrer pour faire face aux défis existentiels du changement climatique et de l’inégalité sociale ». Engagé et déterminé, il ajoutait « prendre cette récompense comme un encouragement à continuer de diriger mon attention non seulement vers la substance de l’architecture et sa signification, mais aussi vers la contribution que nous pouvons faire en tant qu’architectes. »

Le Figge Art Museum, avec son bâtiment de verre emblématique sur les rives du Mississippi, conçu par David Chipperfield, abrite l’une des plus belles collections d’art du Midwest. Crédit David Chipperfield Architects.

 « POUR UN MONDE PLUS BEAU MAIS AUSSI PLUS JUSTE ET PLUS DURABLE »

Et de poursuivre dans la même veine par « Nous savons qu’en tant qu’architectes, nous pouvons jouer un rôle plus important et plus engagé dans la création d’un monde non seulement plus beau mais aussi plus juste et plus durable ».

Concernant l’œuvre de David Chipperfield, elle est vaste et diverse en termes de typologie et de géographie. On lui doit plus d’une centaine d’ouvrages, en passant par des bâtiments civiques, culturels ou universitaires jusqu’à des résidences et des plans d’urbanisme en Asie, en Europe et en Amérique du Nord.

L’intérieur du Neues Museum de Berlin après la refonte de David Chipperfield. Crédit David Chipperfield Architects.

Parmi ses pépites architecturales les plus connues, on retrouve, entre autres, la rénovation du Neues Museum et de la James-Simon-Galerie à Berlin. Mais aussi la transformation du Palais des Vieilles Procuraties sur la place Saint-Marc à Venise. Ou encore la création du Figge Art Museum à Davenport aux États-Unis. À l’échelle du Royaume-Uni, il est à l’origine du Musée de la Rivière et de l’Aviron, du Turner Contemporary, ou encore du Hepworth Wakefield.

UNE ADMIRATION JEUNE POUR LES GRANGES ET LES FERMES

Grandi dans une ferme du Devon dans le sud-ouest de l’Angleterre, le jeune David Alan Chipperfield est très tôt attiré par l’architecture. Il voue une certaine admiration pour les granges et les bâtiments agricoles. Diplômé en 1976 de la Kingston School of Art puis, en 1980, de l’Architectural Association de Londres, où il aiguise son esprit critique,  il entame son ascension professionnelle en 1983 sur Sloane Street à Londres. Il y conçoit un magasin pour le couturier japonais Issey Miyake.

C’est ensuite aux quatre coins du mode qu’il mène tous ses projets, souvent d’envergure, en se tournant vers des solutions durables. Une philosophie et une éthique qui ne le quitteront jamais. Un parcours, qui avant le Prix Pritzker 2023, le voit récompensé de l’Ordre du mérite de la République fédérale d’Allemagne en 2009. Mais également de la médaille d’or RIBA Royal au Royaume-Unis en 2011 ou encore du Praemium Imperiale for Architecture de la Japan Art Association en 2013. Nommé Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 2004, il fait chevalier en 2010 et nommé à l’Ordre des compagnons d’honneur en 2021.

Le musée de la Rivière et de l’Aviron, River & Rowing Museum, à Hanley près de la Tamise, centre pédagogique sur l’histoire de l’aviron au design évoquant à la fois une grange et un hangar à bateaux, est une ode à l’écologie. Bien dans la veine de David Chipperfield. Crédit Rowland Shaw.

BIENTOT LA RENOVATION DE LA NOUVELLE AILE DU MOMA DE NEW YORK

David Chipperfield Architects, son agence fondée en 1985 aux bureaux dans le monde entier, n’en a pas fini de faire la une de l’univers architectural. En effet, il ne devrait pas tarder à commencer la rénovation de la nouvelle aile dédiée à l’art contemporain du Metropolitan Museum of Art à New York, projet remporté en 2015 à la suite d’une compétition.

David Chipperfield Architects travaille également sur une extension du musée archéologique national d’Athènes, sur un nouveau stade pour les Jeux olympiques d’hiver de 2026 à Milan. Mais aussi sur plusieurs projets résidentiels en Belgique, en Allemagne ou encore en Australie.

La 45e cérémonie de remise du Prix Pritzker 2023, en l’honneur de David Chipperfield, se tiendra à Athènes en mai.

Projets : le nouveau site dédié aux concours et consultations d’architecture

Projets, un atlas factuel d’architectures possibles sur le Région Occitanie. @Maison de l’Architecture Occitanie- Pyrénées.

Projet. On définit comme projet l’image d’une situation, d’un état que l’on pense atteindre. En architecture, un projet est plus précisément la représentation en plan, en coupe et en élévation d’un bâtiment à construire. De cet état de fait, la Maison de l’Architecture Occitanie-Pyrénées a pris le parti de présenter un atlas factuel d’architectures possibles sur la Région Occitanie. Une plateforme de publication des concours et consultations d’architectures justement baptisée…Projets.

Développé en partenariat avec Toulouse Métropole et Oppidéa/Europolia, le site Projets a reçu le soutien actif de la Région Occitanie, du Conseil départemental de la Haute-Garonne et de la DRAC Occitanie.

CONSTRUIRE : UNE DEMARCHE COLLECTIVE

Construire est une démarche collective et concertée, entraînant bénéficiaires, programmateurs, équipes de maîtrise d’œuvre, décisionnaires, entrepreneurs et artisans. En partant de ce principe, Projets s’engage à démontrer que chaque architecture bâtie est la finalité d’un long processus. Un processus comprenant la négociation, l’interprétation, la conception et les expertises qui fait que nos territoires sont ainsi ce qu’ils sont. Un territoire où uniquement le résultat est vu. Une réalisation qui ensuite vivra l’expérience du temps et de son intégration dans le paysage social et bâti.

Projets, une bibliothèque ouvrant sur la diversité, la richesse et la singularité de la création architecturale dans une situation donnée. @Maison de l’Architecture Occitanie-Pyrénées.

DONNER A VOIR

La volonté de Projets est justement de rendre visible et accessible ce processus. Et ce, en rendant consultables les diverses propositions des concours et consultations d’architecture. Donner à voir est ainsi le crédo de Projets. C’est donc faire la lumière et valoriser les travaux de la corporation des architectes, des jeunes agences comme des plus expérimentées investies lors des consultations.

UN RICHE OUTIL D’INFORMATIONS

Projets se présente de ce fait comme un riche et nourri outil d’informations. Une bibliothèque ouvrant sur la diversité, la richesse et la singularité de la création architecturale dans une situation donnée. Projets ne livre pas les résultats construits, mais les intentions proposées. C’est donc plus un aide-mémoire facilitant la compréhension et offrant au public une libre analyse des faits. Et ainsi mieux comprendre les évolutions de la ville, de la métropole et de la région.

Maison de l’Architecture Occitanie — Pyrénées
05 61 53 19 89 — contact@maop.fr
1 rue Renée Aspe, 31000 Toulouse

Maison de l’Architecture Occitanie — Pyrénées (maop.fr)

 www.projets.archi 

Diébédo Francis Kéré reçoit le Prix Pritzker 2022

kere Pritzker 2022 Kansei TV
Diébédo Francis Kéré, lauréat du Prix Pritzker 2022. © Iwan Baan. 

Succédant aux architectes français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, le Prix Pritzker 2022 vient d’être décerné à Diébédo Francis Kéré. Né au Burkina Faso et établi à Berlin depuis 2005, l’architecte est connu pour être un pionnier du développement durable. Privilégiant des matériaux locaux pour une utilisation raisonnée, en particulier la terre crue mais aussi le bois ou la pierre, Diébédo Francis Kéré est un précurseur des enjeux d’une architecture responsable. 

« Même les plus dépourvus ont droit au confort et à la beauté. »

Diébédo Francis Kéré

Là où les ressources sont extrêmement rares, le jury du Prix Pritzker 2022 a été particulièrement sensible à « la beauté, la modestie, l’audace et l’invention » de ses constructions. « Par l’intégrité de son architecture et de son geste, Diébédo Francis Kéré défend avec grâce la mission de ce prix. Cet architecte améliore la vie d’innombrables citoyens dans une région du monde parfois oubliée. »

Un architecte au service des populations

Burkina Faso, mais aussi Mali, Togo, Kenya, Mozambique, République du Bénin, Soudan… Nombre des réalisations du 51e lauréat du Prix Pritzker sont en effet situées en Afrique. Natif du petit village de Gando (Burkina Faso), Diébédo Francis Kéré y consacre ses premiers projets. Une école – la première du village – puis des logements pour les enseignants, une bibliothèque, un centre pour les femmes, un lycée… Le succès de l’école primaire de Gando lui vaut le prix Aga Khan d’architecture en 2004. Cette récompense sera le déclencheur de la création de son agence, Kéré Architecture, à Berlin en 2005. 

Suivront d’autres établissements primaires, secondaires, postsecondaires et médicaux. En Afrique mais aussi en Europe et aux États-Unis. Ses réalisations couvrent aujourd’hui un large éventail de projets. De l’infrastructure civique aux installations temporaires, comme la Serpentine Gallery en 2017 à Londres ou le pavillon Sarbalé Ke en Californie en 2019. 

Diébédo Francis Kéré avait également reçu en 2021 le prix Robert Matthew pour les environnements humains durables décerné par l’Union internationale des architectes.

Anne-Françoise Jumeau, lauréate du Prix femme architecte 2021

Anne-Françoise Jumeau, lauréate du Prix femme architecte 2021, Kansei TV
Anne-Françoise Jumeau, Femme architecte 2021. © Sergio Grazia. 

Les lauréates du Prix femmes architectes 2021 ont été dévoilées le 6 décembre depuis le Pavillon de l’Arsenal, à Paris. Succédant à sa consœur Florence LipskyAnne-Françoise Jumeau, fondatrice de l’agence AFJA, a reçu le Prix femme architecte 2021. Cette distinction qui récompense l’œuvre de femmes architectes est décernée tous les ans depuis 2013 par l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat. L’ARVHA entend ainsi encourager la parité dans une profession encore à forte dominante masculine. Pour cette 9e édition, l’association a reçu près de 500 candidatures et examiné plus de 1 500 projets. Anne-Françoise Jumeau avait quant à elle choisi de présenter au jury cinq projets. 

Cinq projets majeurs récompensés

Biopôle, espace d’entreprises scientifiques à Rennes (35)

« Le parti retenu, autant dans l’implantation urbaine que dans l’expression architecturale, consiste en un vaste quadrilatère autour d’une cour intérieure formant un atrium. Bien orienté, cet espace est à la fois le lieu d’accès, de détente et d’ouverture du projet sur les espaces d’accueil. Un vaste escalier en partie végétalisé le relie au niveau RDC et au parking. Ce patio est l’espace identitaire de référence du projet. À l’extérieur, la façade est revêtue d’une enceinte architecturale protectrice et filtrante. Des montants sinusoïdaux forment une peau sensible, épaisse et brise-soleil. La superposition de la trame de lames sinusoïdales en décalage avec celle des montants verticaux des coursives fabrique un effet de moirage dynamique. »

Résidence sociale Lorraine à Paris (XIXe)

Pour cette résidence sociale de 173 studios, l’agence AFJA a proposé de « conserver une partie des constructions existantes constituées de deux bâtiments parallélépipédiques en retrait des rues, construits en 1978 par Anthony Bechu architecte. La parcelle est densifiée tout en préservant une cour partagée et dédiée à la résidence. La composition des façades est liée au grand nombre de baies (plus de 350) et au souhait d’éviter l’effet de répétition depuis la rue. Un cadre type a été créé afin de recevoir, soit une baie vitrée, soit un panneau plein. Trois profils extrudés de terre cuite ont ainsi été créés avec pour chacun des angles de surface différents. Avec la mise au point d’un émail irisé, ces trois profils deviennent des surfaces de diffraction de la lumière pour le projet. La volonté était de créer une façade “atmosphérique” qui renvoie tant les reflets du ciel que de son environnement. »

CRBC, Centre de Recherche BioClinique à Clermont-Ferrand (63) 

Autre projet présenté par Anne-Françoise Jumeau : le bâtiment du Centre de Recherche BioClinique, au sein du CHU de Clermond-Ferrand. « L’image du bâtiment est totalement remaniée par de nouvelles façades. Les parties pleines et les parties vitrées sont constituées à partir d’éléments modulaires déclinés en taille et en coloris. Différents éléments de terre cuite émaillé noir irisé se combinent ; les menuiseries en aluminium anodisé sont composées de trois nuances dorées (or, bronze et champagne). Les parements et les menuiseries s’inscrivent dans la trame générale du projet. Modulaire, mais non répétitif, le dessin des façades est à la fois rigoureux et rythmé, homogène et non-uniforme. Les matériaux employés sont brillants et réfléchissants, sensibles aux variations de lumière. Ainsi la perception des façades change selon l’heure de la journée, le temps, la couleur du ciel… Le bâtiment interagit avec son environnement. »

Crèche 30 berceaux à Paris (XVe)

Ce quatrième projet s’inscrit dans le cadre de l’opération Grenelle-Frémicourt qui comprend la construction d’un immeuble de 54 logements sociaux rue Frémicourt et la construction d’un immeuble de 36 logements en accession boulevard de Grenelle. « Le bâtiment est implanté dans la cour intérieure sur le passage qui longe à l’ouest le site de l’opération. Les façades sur passage et sur jardin reçoivent une protection mécanique en bardeaux de céramique vernissée colorée. Cette vêture minérale se retourne partiellement en toiture. Au droit des baies, des pare-soleils également en terre cuite émaillée assurent une protection solaire. Les espaces extérieurs sont plantés et délimités par une clôture doublée d’une haie arbustive. Une aire de jeu ponctuellement recouverte d’un auvent reprenant les mêmes éléments qu’en façade est prévu le long du bâtiment. »

Atrium, bâtiment d’enseignement licence de l’UPMC Paris 6 

« Le bâtiment 16M conserve le système constructif existant en proposant une relation fluide entre la dalle Jussieu et l’esplanade du quai Saint-Bernard par un dispositif topographique : un “origami architectural”. Une enveloppe unificatrice de huit panneaux micro perforés en tôle d’aluminium, composés aléatoirement en fonction de l’orientation et des différents espaces intérieurs, forme une peau sensible, épaisse et brise-soleil. Derrière cette façade ajourée, se développe dans toute la hauteur du bâtiment un spectaculaire atrium central couvert desservant l’ensemble de salles de cours ou laboratoires. Depuis l’intérieur des salles, l’effet de filtre de la façade procure une vision très nette de l’extérieur tout en offrant un voile de protection visuelle et solaire. De grandes fenêtres urbaines à l’échelle du bâtiment permettent, par endroit, de dévoiler sa profondeur et de découvrir un patio loggia creusé dans son épaisseur jusqu’à l’atrium central. »

Trois autres prix et deux mentions spéciales décernés

Dans la catégorie Jeune femme architecte, qui récompense une professionnelle de moins de 40 ans, le prix a été attribué à Éléonore Morand (Depeyre Morand Architectures). Marion Tribolet (TKMT Architectes) a pour sa part reçu une mention spéciale Jeune femme architecte 2021. Le prix Œuvre originale est quant à lui décerné à Sara Martin Camara pour le Théâtre de la nouvelle comédie à Genève. Une mention spéciale a également été accordée à Béatrice Mouton pour son projet de Salle d’audience des procès sécurisés au Palais de justice de Paris. Enfin, le Prix international revient cette année à Farshid Moussavi (Angleterre), de Farshid Moussavi Architecture. 

2021 est là, restons optimistes !

L’équipe de Kansei TV est heureuse de dire vive 2021 !

Après cette année si particulière qui a tant marqué les esprits, tous nos vœux les plus optimistes vous accompagnent.

Une nouvelle occasion de vous remercier pour votre soutien constant. Année après année, vous êtes toujours plus nombreux à découvrir nos reportages consacrés à l’architecture et à l’urbanisme.

Votre enthousiasme est notre plus grande satisfaction

Privilégiant l’échange, nous irons cette année encore à la rencontre d’hommes et de femmes passionnés œuvrant au quotidien pour le développement de la culture architecturale, afin de la partager avec le plus grand nombre.

Exclusifs et insolites, les reportages vidéo signés Kansei TV témoignent d’une image positive des projets qu’ils présentent. Notre envie de promouvoir l’architecture au sens large est intacte et notre souhait le plus cher est de continuer à vous transmettre notre émotion. 

2021 sera à nouveau riche en reportages. Vous découvrirez dans les semaines à venir de nouvelles maisons d’exception, des bâtiments et autres chantiers remarquables qui nous tiennent particulièrement à cœur. Cultivez votre curiosité avec nos articles qui mettent en avant chaque semaine, l’actualité architecturale en Occitanie et en France.

Restons connectés cette année encore !

Le Prix de la femme architecte 2020 décerné à Florence Lipsky

Florence Lipsky, Prix de la femme architecte 2020, Kansei TV
Florence Lipsky, Prix de la femme architecte 2020 succède à sa consœur Dominique Jakob récompensée en 2019. © Lipsky + Rollet Architectes.

Organisé depuis 2013 par l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat (ARVHA), le Prix femmes architectes s’adresse aux femmes architectes exerçant en France et inscrites au Conseil national de l’ordre des architectes. Cette distinction entend défendre le rôle des femmes dans le monde de l’architecture et du bâtiment. Son ambition est ainsi « de mettre en valeur les œuvres et les carrières de femmes architectes, afin que les jeunes femmes architectes puissent s’inspirer des modèles féminins existants, et d’encourager la parité dans une profession à forte dominante masculine. » Pour cette huitième édition, Florence Lipsky remporte le Prix de la femme architecte 2020.

À propos de Florence Lipsky

Lauréate de l’Équerre d’Argent pour la Bibliothèque universitaire des sciences du campus de La Source à Orléans en 2005, membre de l’Académie d’architecture, enseignante et chercheuse pionnière en architecture durable, le parcours de Florence Lipsky est remarquable et remarqué… En lui décernant le Prix de la femme architecte 2020, le jury de l’ARVHA salue « à l’unanimité » le travail et l’œuvre de cette architecte engagée, cofondatrice avec Pascal Rollet de l’agence parisienne Lipsky + Rollet Architectes. La lauréate définit leur agence comme « un lieu d’assemblage des résultats de toutes nos expériences industrielles et de nos recherches qui se retrouvent dans le cadre de nos projets ». Ces derniers mixent techniques ancestrales et de pointe avec la volonté d’aller « à l’essentiel » et à l’échelle du micro-territoire. 

Pour sa participation au Prix des femmes architectes 2020, Florence Lipsky a présenté cinq projets.

Les Grands Ateliers et Cité de la construction durable (2001)

Situés à Villefontaine en Isère, à proximité de Lyon, Grenoble et Saint-Étienne, Les Grands Ateliers de la Cité de la construction durable ont pour vocation de développer des activités de formations et de recherches collaboratives dans le domaine de l’architecture et de la construction durable. Mi-usine, mi-école, ce « bâtiment outil » à typologie industrielle « appartient à la catégorie des lieux hybrides qui mixte les caractéristiques d’un espace industriel, d’une scène et d’un espace d’enseignement ». 

Le Musée du Cristal Saint-Louis (2007)

Baptisé La Grande Place, le Musée du Cristal Saint-Louis est implanté au cœur des forêts vosgiennes, au sein même de la manufacture de Saint-Louis-lès-Bitche fondée en 1586. Le musée prend place dans la grande halle de production, au-dessus de la fosse ouverte du foyer d’un ancien four. Indépendant, il ne touche ni les murs, ni le toit, ni la structure de la halle qui l’abrite. L’audacieux projet reprend l’idée séduisante de la rampe et de la promenade architecturale. Ce parti pris permet de changer de niveau en douceur en suivant une pente douce qui s’enroule autour de grandes étagères en bois enveloppées de polycarbonate. 

Immeuble de logements ZAC Rive de Seine (2011)

Implanté à Boulogne-Billancourt, dans la Zone d’aménagement concerté Rive de Seine, cet immeuble de 143 logements dispose d’une implantation exceptionnelle en balcon sur le grand parc du Trapèze, avec vue sur les collines de Meudon. L’immeuble est un corps de bâtiment linéaire composant le front de parc en formant « un paquebot » dirigeant sa proue sur l’espace public, et deux tourrettes articulées avec le corps principal dans le cœur d’îlot. La construction est une structure béton vêtue d’une peau en bardage translucide qui assure l’isolation par l’extérieur. Le bâtiment favorise le maximum de logements traversants et offre aux habitants un confort de vie en été et en demi-saison par la mise en place de puits canadiens. Au Sud, la protection solaire est assurée par des volets mobiles qui renforcent l’idée que le balcon est aussi un espace à vivre. 

Maison de l’Inde de la Cité universitaire internationale de Paris (2013)

L’extension de la Maison de l’Inde de la Cité universitaire internationale de Paris est une construction nouvelle sur le site. La première depuis 1969. Il s’agit du premier bâtiment de sept étages en structure bois et noyau béton réalisé en France. Un projet inspiré de l’architecture de Doschi (Prix Pritzker 2018) où chaque détail (de grands balcons très profonds, une cuisine-salle à manger à chaque étage, meubles intégrés, peintures warli…) est attaché à la vie sociale et au confort des étudiants.

Euralille (2019)

Le programme Ekla est un programme mixte de la ZAC du Centre international d’affaires des gares de Lille, aujourd’hui connue sous le nom d’Euralille. Il se compose d’un immeuble de bureaux (Ekla Business), ressemblant à un trapèze aux parois inclinées, et d’une résidence de 107 logements (Ekla Life) composée de deux plots de moyenne hauteur et d’une tour de dix-sept étages. Au milieu, un jardin et une voie piétonne traversante, lieu de bien-être qui agit tel un « filtre » entre les bureaux et les habitations. Ce projet illustre une nouvelle fois un travail approfondi sur la densité et la relation avec l’extérieur. 

Trois autres prix et une mention spéciale décernés

Quatre autres récompenses ont également été attribuées. Le Prix jeune femme architecte récompense cette année un trio de femmes : Stéphanie FranceschiMarie Fade et Caroline Mangin, cofondatrices de l’agence marseillaise Oh!Som. Le Prix œuvre originale est attribué à Cathrin Trebeljahr pour son projet Réhabilitation et extension de l’ancienne préfecture de Versoix près de Genève, en Suisse. La mention spéciale œuvre originale est donnée à Sophie Denissof de l’agence Castro Denissof Associés pour sa tour Habiter le ciel à Aubervilliers (93) et pour son parcours professionnel. Anna Heringer (Allemagne) et Benedetta Tagliabue (Espagne), ex aequo, reçoivent chacune le Prix international pour leur parcours et leur œuvre respective. 

Au total, plus de quatre cent soixante-dix femmes architectes se sont cette année portées candidates présentant quelque mille cinq cents projets… Traditionnellement organisée au Pavillon de l’Arsenal à Paris, la cérémonie de remise des prix s’est exceptionnellement cette année tenue en visioconférence retransmise en live sur la page Facebook de l’ARVHA. 

Report de l’ouverture de la Collection Pinault à la Bourse de commerce de Paris

Bourse de commerce à Paris, Kansei TV

© Tadao Ando Architect & Associates, NeM / Niney & Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, Setec Bâtiment.

L’événement devait avoir lieu le week-end du 13 et 14 juin prochain et était attendu par tous les amateurs d’art contemporain et d’architecture. L’ouverture au public de la Collection Pinault à la Bourse de commerce de Paris est reportée au mois de septembre « en raison de la crise sanitaire actuelle ». Un contexte qui rend en effet impossible de mettre en œuvre les dernières opérations préalables à une ouverture « dans les conditions souhaitées et les délais prévus ».

Il faudra donc attendre la rentrée pour découvrir la nouvelle enceinte ronde de la Bourse de commerce réhabilitée par l’architecte japonais Tadao Ando. Le projet aura nécessité un peu plus de deux ans de travaux et la collaboration de trois autres architectes. Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, l’édifice bénéficiant de protections au titre des monuments historiques. Et deux jeunes architectes français, Lucie Niney et Thibault Marca, créateurs de l’agence NeM.

Un lieu à la fois historique et contemporain

Bourse de commerce de Paris, Kansei TV

Photos Maxime Tétard. Courtesy Bourse de Commerce – Pinault Collection. © Tadao Ando Architect & Associates, NeM / Niney & Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier, Setec Bâtiment.

Bourse de commerce, Kansei TV

Grâce à leur intervention, l’édifice de la Bourse de commerce de Paris va connaître un nouveau souffle. Ancienne halle au blé à ciel ouvert construite au XVIIIe siècle par l’architecte Nicolas Le Camus de Mézières, coiffée de la première coupole en fer et fonte de grande portée conçue par l’architecte François-Joseph Bélanger et l’ingénieur François Brunet en 1812 et recomposée en Bourse de commerce par l’architecte Henri Blondel en 1889, le lieu est chargé d’histoire. Pour Tadao Ando, l’enjeu était multiple. Il fallait non seulement imaginer un parcours d’exposition cohérent avec la structure de l’édifice, mais aussi restaurer et révéler les différentes étapes de vie du bâtiment. Le tout en insufflant une touche contemporaine à l’ensemble pour répondre aux exigences de modernité du projet.

Un projet ambitieux et spectaculaire

« En hommage à la mémoire de la ville, gravée dans les murs de la Bourse de commerce, j’ai créé un nouvel espace qui s’emboîte à l’intérieur de l’existant pour revitaliser l’ensemble du volume qui sera dédié à l’art contemporain. L’architecture comme trait d’union entre le passé, le présent et le futur. » Tadao Ando.

La réponse architecturale du maître japonais est ambitieuse et audacieuse. Son projet est radical tout en suivant scrupuleusement les repères architecturaux et historiques de l’édifice. Encore une fois, l’architecte démontre sa capacité à concilier le respect des traditions et les exigences de la modernité. L’extérieur du bâtiment et ses éléments classés – façades intérieures, verrières, peintures – ont été́ restaurés dans le respect de leur état historique. L’intérieur a été́ enrichi spectaculairement par la création d’un ouvrage architectural de forme circulaire. Tadao Ando a imaginé un cylindre en béton lisse, de neuf mètres de haut et trente mètres de diamètre, qui s’emboîte à l’intérieur de l’espace existant. Les volumes ainsi réorganisés donnent naissance à un espace d’exposition central sous la coupole et à une zone de circulation en coursive desservant les parties ouvertes au public, notamment les salles d’exposition en périphérie sur trois niveaux.

Au total, 7 700 m2 seront accessibles dont 3 000 pour les expositions de la collection Pinault, à savoir près de trois mille œuvres des années 1960 à nos jours. Le bâtiment abrite également un restaurant au dernier étage – confié aux chefs aveyronnais Michel et Sébastien Bras – et un auditorium de trois cents places en sous-sol. Le musée pourra accueillir simultanément quelque deux mille visiteurs.

Retour sur un parcours exceptionnel

Tadao Ando, Kansei TV

© Henry Roy.

La reconversion de la Bourse de commerce est, à ce jour, la plus importante réalisation confiée à Tadao Ando en France. Mais l’architecte japonais a déjà participé aux autres projets de musées entrepris par François Pinault à Venise. La rénovation en 2006 du Palazzo Grassi, complétée en 2013 de son auditorium, le Teatrino, et la réhabilitation de la Pointe de la Douane en 2009.

Au Japon, l’architecte autodidacte est à l’origine de nombreux projets à Osaka, sa ville natale, mais aussi à Tokyo ou encore Kobe. La renommée de Tadao Ando est aujourd’hui internationale et lui a valu de recevoir de nombreuses distinctions parmi lesquelles le prestigieux prix Pritzker en 1995.

Des récompenses qui saluent son style parfaitement reconnaissable. Tadao Ando privilégie les formes géométriques simples (cercle, carré ou rectangle) avec une prédilection pour le béton brut, qu’il travaille afin d’obtenir des aspects lisses, brossés ou vernis. Il aime le voir changer avec le temps et capter la lumière. Par l’économie de moyens et le dépouillement qui les caractérise, ses œuvres s’inscrivent dans le sillage d’une certaine tradition japonaise tout en s’inspirant des styles occidentaux de Le Corbusier, du Bauhaus ou encore de l’architecte américain Louis Kahn.

Pour compléter votre information, visitez les différents projets de Tadao Ando.

Le Prix de la femme architecte 2019 décerné à Dominique Jakob

Organisé depuis 2013 par l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat (ARVHA), le Prix femmes architectes s’adresse aux femmes architectes exerçant en France et inscrites au Conseil national de l’ordre des architectes. Cette distinction entend défendre le rôle des femmes dans le monde de l’architecture et du bâtiment. Son ambition est ainsi « de mettre en valeur les œuvres et les carrières de femmes architectes, afin que les jeunes femmes architectes puissent s’inspirer des modèles féminins existants, et d’encourager la parité dans une profession à forte dominante masculine. »

Pour cette septième édition, Dominique Jakob de l’agence parisienne Jakob + MacFarlane remporte le Prix de la femme architecte 2019 décerné en décembre au Pavillon de l’Arsenal, à Paris. Trois autres récompenses ont également été attribuées à Marie Perin (Jeune femme architecte), Fabienne Bulle (Œuvre originale) et Francine Houben (Prix international). Au total, quatre cents femmes architectes se sont cette année portées candidates présentant quelque mille quatre cents projets… Dominique Jakob a quant à elle fait le choix de présenter au jury cinq réalisations.

La Cité de la mode et du design à Paris (2008)

Cité de la mode et du design, Dominique Jakob, Prix femme architecte 2019, Kansei TV

© Jakob + MacFarlane/Nicolas Borel.

La Cité de la mode et du design a été réalisée dans les anciens édifices des Docks de Paris. Inspiré par les flux de la Seine et ceux des promenades sur les berges du fleuve qui mènent jusqu’aux nouveaux quartiers de Seine Rive Gauche, le projet transforme le bâtiment industriel en mettant en relief son ossature en béton originelle datant de 1907. Une nouvelle enveloppe constituée d’une structure tubulaire métallique et de verre sérigraphié, baptisée plug-over, vient protéger la construction existante et les nouvelles fonctions greffées sur celle-ci. Cette nouvelle peau extérieure permet non seulement d’exploiter au maximum l’enveloppe du bâtiment mais aussi de mettre en place un espace public fluide et continu. Le bâtiment prolonge ainsi les promenades publiques en surplomb au-dessus de la Seine jusqu’à sa grande terrasse panoramique.

Les cent logements Hérold à Paris (2008)

Logements Hérold, Dominique Jakob, Kansei TV       Logements Hérold, Dominique Jakob, Kansei TV

Les cent logements Hérold est une réhabilitation de la parcelle de l’ancien hôpital Hérold dans le 19earrondissement de Paris. Dans le but de concevoir des logements sociaux de qualité, le projet s’est inscrit dans une démarche écoresponsable. Sur un terrain en pente, les trois immeubles aux plans verticaux octogonaux et aux plans horizontaux ondulants composent une réelle scénographie urbaine. Possédant un jardin intérieur, ces logements sociaux ont été conçus pour offrir à leurs occupants un mode de vie de qualité. Chaque habitation bénéficie ainsi de larges ouvertures extérieures permettant un apport de lumière naturelle et possède un balcon pour pouvoir profiter au maximum de l’orientation vers le sud.

Le Cube Orange à Lyon (2010)

Cube Orange, Dominique Jakob, Prix femme architecte 2019, Kansei TV      Cube Orange, Dominique Jakob, Prix femme architecte 2019, Kansei TV

Le Cube Orange se dresse dans le quartier des Docks de Lyon, sur les rives de la Saône. Abritant le siège social du promoteur immobilier Groupe Cardinal et un showroom de design contemporain, le bâtiment est conçu comme un cube orthogonal découpé par un grand vide répondant aux besoins de lumière, de circulation d’air et de vues. Ce cube évidé est revêtu d’une seconde peau d’aluminium perforée faisant référence au minium, couleur industrielle récurrente sur les sites portuaires. Le dernier étage est traité en retrait avec une grande terrasse depuis laquelle on peut apprécier tout le panorama de Lyon, la Fourvière et Lyon-Confluence.

Les Turbulences, Frac Centre à Orléans (2013)

Frac Centre Orléans, Dominique Jakob, Prix femme architecte 2019, Kansei TV

© Jakob + MacFarlane/Roland Halbe.

Le nouveau Frac Centre (Fonds régional d’art contemporain) est construit à Orléans sur le site des subsistances militaires. Cette opération de réhabilitation des anciens bâtiments datant du XIXe siècle s’accompagne de la création d’une nouvelle structure décomposée en trois excroissances de verre et d’acier appelées les Turbulences. Intégralement conçue au moyen d’outils numériques, cette architecture est recouverte d’éléments tous uniques : panneaux extérieurs en aluminium pleins ou perforés, et intérieurs en bois. Le projet a été nominé au prix de l’Équerre d’Argent en 2013 et a reçu la mention spéciale aux A+ Awards en 2014.

Le siège social d’Euronews à Lyon (2014)

Siège Euronews, Dominique Jakob, Prix femme architecte 2019, Kansei TV

© Jakob + MacFarlane/Nicolas Borel.

Ce projet a été conçu en 2005 pour le même concours que le Cube Orange déjà construit sur la rive de la Saône. Les deux bâtiments ont été désignés de sorte qu’ils puissent être vus par le public le long des quais comme un ensemble de bâtiments affichant des morphologies différentes mais néanmoins en dialogue. Conçu comme un immense parallélépipède, le Cube Vert est creusé dans son épaisseur par deux formes coniques qui libèrent des vides spectaculaires au sein de la masse construite. Ces dernières prennent base au cœur du bâtiment pour s’ouvrir largement sur la façade vers le fleuve et ouvrir la vue au maximum. Ces atriums sont également imaginés comme deux yeux gigantesques sur le fleuve et son environnement. Symboliquement, les yeux représentent également ceux d’Euronews, récepteurs abstraits, capturant les événements du monde qui nous entoure.

Dominique Jakob, Kansei TV

Dominique Jakob, Prix de la femme architecte 2019 succède à sa consœur Nicole Condorcet récompensée en 2018. © Alexandre Tabaste.

À propos de Dominique Jakob

Dominique Jakob est diplômée de l’École d’architecture Paris-Villemin (1991) et titulaire d’une licence en histoire de l’art. Elle enseigne à l’École d’architecture Paris-Villemin et Paris-Malaquais de 1994 à 2004, à l’École spéciale d’architecture, ainsi qu’au Southern California Institute of Architecture de Los Angeles en 2018. Dominique Jakob est également membre titulaire de l’Académie française d’architecture depuis 2016. Avec Brendan MacFarlane, elle fonde en 1998 l’agence Jakob + MacFarlane qu’ils orientent ensemble « comme un laboratoire expérimental en architecture tourné autour de la transition environnementale et la culture du numérique. » Trois ans plus tard, elle devient Officier des arts et des lettres. De 2012 à 2018, Dominique Jakob est choisie par la Ville de Toulouse comme architecte conseil auprès des services de l’urbanisme.

Le palmarès du Prix Architecture Occitanie 2019 dévoilé

Le prix de l’architecture Occitanie.

Récompensant des bâtiments conçus en région Occitanie et/ou réalisés par des architectes inscrits en région Occitanie, le Prix Architecture Occitanie est organisé tous les deux ans par la Maison de l’Architecture Occitanie-Pyrénées en collaboration avec l’Ordre des Architectes Occitanie et la Maison de l’Architecture Occitanie-Méditerranée. Ce concours a pour objectif de valoriser la création architecturale contemporaine de qualité de notre région et la diversité des projets construits. Le palmarès du Prix Architecture Occitanie 2019 a été dévoilé le 28 novembre à l’occasion des Rendez-vous de l’Architecture d’Hiver organisés à Toulouse. Une centaine de candidats ont participé à cette 10e édition.

Prix du jury : deux projets ex-aequo pour deux expressions de l’architecture contemporaine

 

Extension et restructuration de la cave viticole du lycée professionnel Charlemagne de Carcassonne (11)

Architectes : Passelac et Roques

Maîtrise d’ouvrage : Languedoc-Roussillon Aménagement pour le compte de la région Occitanie

lycée Charlemagne Carcasonne, prix du jury architecture Occitanie 2019, Kansei

© C. Cornut.

lycée Charlemagne Carcasonne, prix du jury architecture Occitanie 2019, Kansei

© C. Cornu

Avec le château et les remparts de la cité de Carcassonne pour toile de fond, l’extension de la cave viticole du lycée Charlemagne parvient à l’équilibre entre la nécessaire intégration et l’expression contemporaine. Accolée au bâti traditionnel, l’adjonction en reprend la volumétrie, jouant même parfois d’effets de symétrie. Ses toitures de tuiles à deux pentes et ses façades ocre viennent parfaire cette insertion.

 

Construction d’un immeuble de bureaux pour STELIA Aerospace à Colomiers (31)

Architectes : PPA

Maîtrise d’ouvrage : 3R

bureaux STELIA Aerospace, prix du jury architecture Occitanie, Kansei

© Philippe Ruault.

Bureaux STELIA Aerospace, prix du jury architecture Occitanie 2019, Kansei

© Philippe Ruault

 

Réunissant la direction et les équipes toulousaines de STELIA Aerospace, ce bâtiment constitue une variation sur le thème codifié de la production de surfaces tertiaires contemporaines, proposant la réalisation de plus de 15 000 m2 de surface de plancher sur sept niveaux. Les plateaux y sont conçus comme des espaces neutres, flexibles et disponibles, optimisant circulations et services communs. Évitant de produire un bâtiment-barre impliquant des plateaux trop homogènes, le projet s’organise en bandes parallèles qui glissent et s’étirent, verticalement et horizontalement. L’ensemble tient son unité des murs rideaux de verre sombre de ses façades longitudinales et de ses pignons revêtus d’aluminium anodisé gris argent.

Prix public

Pour la première fois cette année, le public a pu élire en ligne son projet favori. Le Prix Public Architecture Occitanie 2019 a ainsi été décerné au cabinet toulousain d’architecture PPA Architectes associé à l’agence parisienne Encore Heureux pour leur projet de salle polyvalente en structure bois de Pratgraussals à Albi (81). Le prix a été remis à l’occasion de l’Avant-première Cour Baragnon à Toulouse le 18 octobre 2019.

salle polyvalente Pratgraussals Albi, prix public architecture Occitanie 2019, Kansei

© C. Cornut.

Mentions

Cinq mentions ont été attribuées par le jury pour mettre en lumière des réalisations illustrant l’audace et l’engagement dont ont fait preuve architectes et maîtrise d’ouvrage.

 

Abricoop, mention prix architecture Occitanie 2019, Kansei

© Stéphane Brugidou.

Abricoop, Toulouse (31)

Architecte : Seuil architecture

Architecte associé : A&A Bruno Marcato

Maîtrise d’ouvrage : Coopérative Abricoop et la SA Les chalets

Co-construction de dix-sept logements coopératifs avec et pour la coopérative d’habitants Abricoop, implantés dans l’écoquartier de la Cartoucherie à Toulouse. Une opération d’habitat participatif dont l’ambition est de répondre à des demandes collectives à l’échelle de l’immeuble ainsi qu’aux demandes individuelles des dix-sept familles.

centre entretien Chaum, mention prix architecture Occitanie 2019, Kansei

© Kevin Dolmaire.

 

Centre d’entretien et d’intervention, Chaum (31)

Architecte : Prax Architectes

Architecte associé : Atelier d’Architecture Pierre-Édourad Verret

Maîtrise d’ouvrage : Direction interdépartementale des routes du Sud-Ouest (DIRSO)

Pour intégrer ce programme dans le paysage montagneux de Comminges, les concepteurs se sont inspirés de l’organisation traditionnelle des fermes locales et ont usé de matériaux naturels et peu transformés, le bois et la pierre.

 

maison de santé Prayssac, mention prix architecture Occitanie 2019, Kansei

© aafm.

Maison de santé pluri-professionnelle, Prayssac (46)

Architecte : atelier d’architecture Franck Martinez

Maîtrise d’ouvrage : Communauté de Communes de la Vallée du Lot et du Vignoble

Plusieurs professionnels de santé sont installés dans ce bâtiment construit en deux ailes encadrant un petit jardin clos. Bâtie en murs épais de pierre massive et béton surmontés par une toiture en béton préfabriqué creusée de voûtes, la maison de santé offre un volume sobre et soigné.

 

théâtre de plein air Liausson, mention prix architecture Occitanie 2019, Kansei

© Marie-Caroline Lucat.

Théâtre de plein air, Liausson (34)

Architecte : Maxime Rouaud

Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Liausson

À Liausson, village de quelque cent cinquante habitants, le parking en face de la mairie est aussi devenu un théâtre de plein air. Une scène sur laquelle le public peut prendre place sur des gradins réalisés en blocs massifs de pierre de comblanchien. Le jury a souhaité distinguer cette réalisation exemplaire de l’engagement d’une petite commune à valoriser son espace public.

 

pavillon Toulouse 2030, mention prix architecture Occitanie 2019, Kansei

© Maxime Delvaux.

Pavillon éphémère Toulouse 2030, Toulouse (31)

Architectes : Benjamin Lafore et Sébastien Martinez-Barat (MBL)

Maîtrise d’ouvrage : Association Toulouse 2030

L’exposition Toulouse 2030 organisée pendant trois jours en octobre 2018 a accueilli sur la place du Capitole quelque 10 000 Toulousains. L’événement était hébergé sous une structure légère et temporaire de plus de 1 000 m2 presqu’aussi longue que le Capitole lui-même. Monté sur quinze portiques d’aluminium inclinés et couvert de toile translucide et de textile miroir, ce grand toit a su générer un espace de rencontres publiques, une vaste agora.

 

 

 

Réalisé par : La Collab