Les lauréates du Prix femmes architectes 2021 ont été dévoilées le 6 décembre depuis le Pavillon de l’Arsenal, à Paris. Succédant à sa consœur Florence Lipsky, Anne-Françoise Jumeau, fondatrice de l’agence AFJA, a reçu le Prix femme architecte 2021. Cette distinction qui récompense l’œuvre de femmes architectes est décernée tous les ans depuis 2013 par l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat. L’ARVHA entend ainsi encourager la parité dans une profession encore à forte dominante masculine. Pour cette 9e édition, l’association a reçu près de 500 candidatures et examiné plus de 1 500 projets. Anne-Françoise Jumeau avait quant à elle choisi de présenter au jury cinq projets.
Cinq projets majeurs récompensés
Biopôle, espace d’entreprises scientifiques à Rennes (35)
« Le parti retenu, autant dans l’implantation urbaine que dans l’expression architecturale, consiste en un vaste quadrilatère autour d’une cour intérieure formant un atrium. Bien orienté, cet espace est à la fois le lieu d’accès, de détente et d’ouverture du projet sur les espaces d’accueil. Un vaste escalier en partie végétalisé le relie au niveau RDC et au parking. Ce patio est l’espace identitaire de référence du projet. À l’extérieur, la façade est revêtue d’une enceinte architecturale protectrice et filtrante. Des montants sinusoïdaux forment une peau sensible, épaisse et brise-soleil. La superposition de la trame de lames sinusoïdales en décalage avec celle des montants verticaux des coursives fabrique un effet de moirage dynamique. »
Résidence sociale Lorraine à Paris (XIXe)
Pour cette résidence sociale de 173 studios, l’agence AFJA a proposé de « conserver une partie des constructions existantes constituées de deux bâtiments parallélépipédiques en retrait des rues, construits en 1978 par Anthony Bechu architecte. La parcelle est densifiée tout en préservant une cour partagée et dédiée à la résidence. La composition des façades est liée au grand nombre de baies (plus de 350) et au souhait d’éviter l’effet de répétition depuis la rue. Un cadre type a été créé afin de recevoir, soit une baie vitrée, soit un panneau plein. Trois profils extrudés de terre cuite ont ainsi été créés avec pour chacun des angles de surface différents. Avec la mise au point d’un émail irisé, ces trois profils deviennent des surfaces de diffraction de la lumière pour le projet. La volonté était de créer une façade “atmosphérique” qui renvoie tant les reflets du ciel que de son environnement. »
CRBC, Centre de Recherche BioClinique à Clermont-Ferrand (63)
Autre projet présenté par Anne-Françoise Jumeau : le bâtiment du Centre de Recherche BioClinique, au sein du CHU de Clermond-Ferrand. « L’image du bâtiment est totalement remaniée par de nouvelles façades. Les parties pleines et les parties vitrées sont constituées à partir d’éléments modulaires déclinés en taille et en coloris. Différents éléments de terre cuite émaillé noir irisé se combinent ; les menuiseries en aluminium anodisé sont composées de trois nuances dorées (or, bronze et champagne). Les parements et les menuiseries s’inscrivent dans la trame générale du projet. Modulaire, mais non répétitif, le dessin des façades est à la fois rigoureux et rythmé, homogène et non-uniforme. Les matériaux employés sont brillants et réfléchissants, sensibles aux variations de lumière. Ainsi la perception des façades change selon l’heure de la journée, le temps, la couleur du ciel… Le bâtiment interagit avec son environnement. »
Crèche 30 berceaux à Paris (XVe)
Ce quatrième projet s’inscrit dans le cadre de l’opération Grenelle-Frémicourt qui comprend la construction d’un immeuble de 54 logements sociaux rue Frémicourt et la construction d’un immeuble de 36 logements en accession boulevard de Grenelle. « Le bâtiment est implanté dans la cour intérieure sur le passage qui longe à l’ouest le site de l’opération. Les façades sur passage et sur jardin reçoivent une protection mécanique en bardeaux de céramique vernissée colorée. Cette vêture minérale se retourne partiellement en toiture. Au droit des baies, des pare-soleils également en terre cuite émaillée assurent une protection solaire. Les espaces extérieurs sont plantés et délimités par une clôture doublée d’une haie arbustive. Une aire de jeu ponctuellement recouverte d’un auvent reprenant les mêmes éléments qu’en façade est prévu le long du bâtiment. »
Atrium, bâtiment d’enseignement licence de l’UPMC Paris 6
« Le bâtiment 16M conserve le système constructif existant en proposant une relation fluide entre la dalle Jussieu et l’esplanade du quai Saint-Bernard par un dispositif topographique : un “origami architectural”. Une enveloppe unificatrice de huit panneaux micro perforés en tôle d’aluminium, composés aléatoirement en fonction de l’orientation et des différents espaces intérieurs, forme une peau sensible, épaisse et brise-soleil. Derrière cette façade ajourée, se développe dans toute la hauteur du bâtiment un spectaculaire atrium central couvert desservant l’ensemble de salles de cours ou laboratoires. Depuis l’intérieur des salles, l’effet de filtre de la façade procure une vision très nette de l’extérieur tout en offrant un voile de protection visuelle et solaire. De grandes fenêtres urbaines à l’échelle du bâtiment permettent, par endroit, de dévoiler sa profondeur et de découvrir un patio loggia creusé dans son épaisseur jusqu’à l’atrium central. »
Trois autres prix et deux mentions spéciales décernés
Dans la catégorie Jeune femme architecte, qui récompense une professionnelle de moins de 40 ans, le prix a été attribué à Éléonore Morand (Depeyre Morand Architectures). Marion Tribolet (TKMT Architectes) a pour sa part reçu une mention spéciale Jeune femme architecte 2021. Le prix Œuvre originale est quant à lui décerné à Sara Martin Camara pour le Théâtre de la nouvelle comédie à Genève. Une mention spéciale a également été accordée à Béatrice Mouton pour son projet de Salle d’audience des procès sécurisés au Palais de justice de Paris. Enfin, le Prix international revient cette année à Farshid Moussavi (Angleterre), de Farshid Moussavi Architecture.