Après des riverains toulousains, un collectif d’architectes et d’artistes de renommée mondiale veut sauver la caserne de pompiers Jacques-Vion, située quartier Saint-Cyprien à Toulouse. Pour ce faire, ils ont lancé une pétition et interpellé la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, afin qu’elle classe ce chef d’œuvre d’architecture signé Pierre Debeaux (1925-2001), mis en vente au plus offrant sans protection opposable à sa démolition par la municipalité toulousaine en octobre dernier.
QU’ELLE SOIT VITE PROTÉGÉE AU TITRE DES MONUMENTS HISTORIQUES
Ce collectif « pour la reconnaissance et la protection de l’œuvre de Pierre Debeaux » réclame de ce fait que ce site exceptionnel soit très vite protégé au titre des monuments historiques. « Alors que tant d’œuvres dans l’histoire ont disparu, détruites par la violence des barbares, c’est l’ignorance aujourd’hui qui guette les œuvres de l’esprit et les détruit avec un aveuglement plus impitoyable encore » écrivait Stéphane Gruet dans « L’artiste et le géomètre », ouvrage consacré justement à l’architecte Pierre Debeaux. Un propos qui s’avère prémonitoire au moment où la caserne Jacques-Vion est sous la menace d’une infondée destruction.
RICCIOTTI, BUREN, BOUCHAIN, MESSAGER… ONT SIGNÉ
Stéphane Gruet, fondateur de ce collectif, architecte, philosophe, fondateur de la revue et des éditions Poïésis, qui a déjà reçu le soutien de plus de 200 personnalités signataires du monde de l’architecture, des arts et de la culture en France et dans le monde.
Et notamment parmi toutes ces sommités, Rudy Ricciotti, architecte, commandeur des arts et lettres, Grand Prix national de l’architecture, Daniel Buren, sculpteur, commandeur des arts et lettres, Praemium Imperiale 2007, Patrick Bouchain, architecte-urbaniste, commandeur des arts et lettres, Global Award for Substainable Architecture 2009, ou encore Annette Messager, Plasticienne, commandeur de la Légion d’Honneur…
« UNE PERTE IRREPARABLE »
Pour les pétitionnaires, la caserne de pompiers Jacques-Vion, qualifiée de « grande œuvre », serait « une perte irréparable si l’on venait à démolir toute ou partie de l’ensemble qu’elle constitue ».
Revendiqué comme son œuvre majeure par Pierre Debeaux, qui a aussi réalisé 80% de la construction du pic du Midi et le monument à la gloire de la Résistance à Toulouse, cet ouvrage est pour ses ardents défenseurs « un exemple irremplaçable de réinterprétation libre et vigoureuse de l’histoire de l’architecture ».
Ils louent notamment « l’inventivité des structures et le jeu puissant et subtil des volumes qui forment un tout cohérent dont les éléments sont tous harmoniquement liés : le grand hall monumental, le péristyle de la cour qui ouvre sur les allées Charles-de-Fitte, l’escalier d’honneur, la chapelle et l’auditorium avec leurs voûtes en coffrage perdu, les ateliers voûtés, la tour d’exercice d’une extraordinaire virtuosité. Mais aussi « le gymnase couvert comme le hall d’une nappe structurelle auto-tendue et les logements enfin, qui doivent être mis aux normes dans le respect de l’architecture de la caserne. »
« UN MEPRIS DU GENIE HUMAIN »
Dans cette tribune parue dans le quotidien « Libération », le collectif s’interroge au moment où l’urgence climatique nous oblige à des choix d’urgence : « Il nous est interdit de continuer à démolir pour reconstruire toujours plus, ne faut-il pas impérativement promouvoir la sobriété, la résilience, la réhabilitation et le réemploi pour une évolution plus “durable” de nos villes ? ». Pour eux, ce serait un mépris total du génie humain de Pierre Debeaux, autant qu’une aberration écologique au nom d’une économie budgétaire insignifiante. Affaire à suivre.
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